Memoirs of Napoleon's Valet [1830]


Introduction

The anecdote below is taken from Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l'empereur written by Louis Constant Wairy and published in 1830. An 1834 source for the same anecdote says Madame F... was Madame Fagan--possibly Pauline de la Woestine, comtesse de Fagan by marriage to Charles Louis 'François' Fagan (Pauline gets a mention in the memoirs of Madame de Genlis, but François could only be the 'agent of Irish origin' mentioned here and elsewhere in connection with an intrigue to do with England--that might be the same intrigue mentioned in the 1834 version of this anecdote--if Irish origin could mean having an Irish father). Incidentally, outside of parlor game manuals, the "Voyage à Cythère" as a name for a parlor game forfeit still retained some currency at least until 1827 when it appeared in Charles Paul de Kock's novel La Laitière de Montfermeil as the central part of a parlor game scene from pages 103-108.

Translation

The First Consul, informed of his brother's love affairs, one evening took it into his head to go and enjoy himself in Madame F...'s little salon, which was quite simply a bedroom on the first floor of a carpenter's house, in the Rue des Minimes. In order not to be recognized, he dressed as a bourgeois, and put on a wig and glasses. He took into his confidence General Bertrand, who was already in great favor with him and who also took care to do everything that could make him unrecognizable.

Thus disguised, the First Consul and his companion presented themselves to Madame F..., and asked for Monsieur Arcambal, the director. The strictest of incognito appearances was recommended to M. Arcambal by the First Consul, who would not have wished, for the world, to be recognized. M. Arcambal promised secrecy. The two visitors were announced under the title of war commissioners.

They were playing the card game Bouillotte: gold covered the tables, and the game and the punch so absorbed the attention of the merry regulars that none of them took any notice of the characters who had just entered. As for the mistress of the house, she had never seen the First Consul or General Bertrand at close quarters; therefore, there was nothing to fear from her side. I do believe that Colonel Joseph recognized his brother, but he did not show it.

The First Consul, avoiding all eyes as best he could, spied on those of his brother and Madame F... Convinced of their mutual knowledge, he was disposed to leave the salon of the pretty Dunkerquoise when the latter, being very keen that the number of her guests should not diminish, ran to the two false war commissioners, and graciously detained them, telling them that they were going to play petits jeux, and that they would not leave until they had given pledges. The First Consul, having consulted General Bertrand, found it pleasant to stay and play innocent games.

Indeed, after a few minutes, at Madame F...'s request, the players deserted the card game and came to form a circle around her. We began by dancing the Boulangère; then the innocent games went their way. The turn came to the First Consul to give a pledge. He was at first very embarrassed, having with him only a piece of paper on which he had penciled the names of some colonels; he gave this paper, however, to Madame F..., asking her not to open it. The will of the First Consul was respected, and the paper, until the pledge had been redeemed, remained closed on the lap of the beautiful lady. The moment to redeem his pledge arrived, and the great captain had imposed upon him the singular penance of playing the porter [possibly an allusion to the more elaborate penitence called "Portier" in French and having a similar result], while Madame F..., with Colonel Joseph, would make the voyage à Cythère / Voyage to Cythera in an adjoining room. The First Consul acquiesced with good grace to the part which he was being made to play; then, after the pledges had been rendered, he made a sign to General Bertrand to follow him. They went out, and soon the carpenter, who lived on the ground floor, went upstairs to give a little note to Madame F... This note was formed as follows:

"Thank you, madame, for the kind welcome you gave me. If you ever come to my place one day, I'll still be the porter, if you like; but this time I will not leave to others the care of accompanying you on the Voyage to Cythera.

"Signed BONAPARTE."

Source Text

Le premier consul, informé des amours de son frère, eut un soir la fantaisie d'aller s'égayer au petit salon de madame F..., qui étain tout bonnement une chambre au premier étage de la maison d'un menuisier, dans la rue des Minimes. Pour ne pas être reconnu, il s'habilla en bourgeois, et mit une perruque et des lunettes. Il mit dans sa confidence le général Bertrand, qui était déjà en grande faveur auprès de lui, et qui eut soin de faire aussi tout ce qui pouvait le rendre méconnaissable.

Ainsi déguisés, le premier consul et son compagnon se présentèrent chez madame F..., et demandèrent monsieur l'ordonnateur Arcambal. Le plus sévère incognito fut recommandé à M. Arcambal par le premier consul, qui n'aurait pas voulu, pour tout au monde, être reconnu. M. Arcambal promit le secret. Les deux visiteurs furent annoncés sous le titre de commissaires des guerres.

On jouait à la bouillote : l'or couvrait les tables, et le jeu et le punch absorbaient à un tel point l'attention des joyeux habitués qu'aucun d'eux ne prit garde aux personnages qui venaient d'entrer. Quant à la maîtresse du logis, elle n'avait jamais vu de près le premier consul ni le général Bertrand ; en conséquence, il n'y avait rien à craindre de son côté. Je crois bien que le colonel Joseph reconnut son frère, mais il ne le fit pas voir.

Le premier consul, évitant de son mieux les regards, épiait ceux de son frère et de madame F... Convaincu de leur intelligence, il se disposait à quitter le salon de la jolie Dunkerquoise, lorsque celle-ci, tenant beaucoup à ce que le nombre de ses convives ne diminuât pas encore, courut aux deux faux commissaires des guerres, et les retint gracieusement, en leur disant qu'on allait jouer aux petits jeux, et qu'ils ne s'en iraient pas avant d'avoir donné des gages. Le premier consul ayant consulté des yeux le général Bertrand, trouva plaisant de rester pour jouer aux jeux innocents.

Effectivement, au bout de quelques minutes, sur la demande de madame F..., les joueurs désertèrent la bouillotte, et vinrent se ranger en cercle autour d'elle. On commença par danser la boulangère ; puis les jeux innocents allèrent leur train. Le tour vint au premier consul de donner un gage. Il fut d'abord très-embarrassé, n'ayant sur lui qu'un morceau de papier sur lequel il avait crayonné les noms de quelques colonels ; il confia pourtant ce papier à madame F..., en la priant de ne point l'ouvrir. La volonté du premier consul fut respectée, et le papier, jusqu'à ce que le gage eût été racheté, resta fermé sur les genoux de la belle dame. Ce moment arriva, et l'on imposa au grand capitaine la singulière pénitence de faire le portier [possibly an allusion to the more elaborate penitence with the same name], tandis que madame F..., avec le colonel Joseph, feraient le voyage à Cythère dans une pièce voisine. Le premier consul s'acuitta de bonne grace du rôle qu'on lui faisait jouer ; puis, après les gages rendus, il fit signe au général Bertrand de le suivre. Ils sortirent, et bientôt le menuisier, qui demeurait au rez-de-chaussée, monta pour remettre un petit billet à madame F... Ce billet était ainsi conçu :

« Je vous remercie, madame, de l'aimable acceuil que vous m'avez fait. Si vous venez un jour dans ma baraque, je ferai encore le portier, si bon vous semble ; mais cette fois je ne laisserai point à d'autres le soin de vous accompagner dans le voyage à Cythère.

« Signé BONAPARTE. »


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