Secret Memoirs [1778]


Introduction

The translation below is taken from entries for 11 August 1772 and 31 October 1772 in vol. 6 of the Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des Lettres en France depuis 1762 jusqu'à nos jours ("Secret Memoirs Serving as a History of the Republic of Letters in France from 1762 until Our Days"), published in 1778 and originally attributed to Louis Petit de Bachaumont, who died in 1771--before the events below, so the text is also attributed to Mathieu-François Pidansat de Mairobert and Mouffle d'Angerville. This text shows pledges being redeemed via literary production, somewhat notably including authorship of a brief "fairy tale," just as described in the Manuel des châteaux in 1779 (q.v. for more comments).

Translation

11 August 1772. Madame (we call thus the eldest daughter of M. le Dauphin), who remained in Versailles during the Fontainebleau trip, received with her sister a magnificent party, given at St. Ouen, by M. le Prince de Soubise, where petits jeux d'enfants were played, among others le gage touché. M. l'Abbé de Voisenon, very attached to this Prince, wanted to serve a dish in his own way; he composed the following verses:

One day not knowing what to do
The young Husband of Psyche
The Laughs, the Games, & their Mother
Played le gage touché.
Love [Eros] failed; so for his pledge
We made him look a long time for
An object that was the assemblage
Of graces & of talents.
All the celestial troop
Thought to hurt the Child;
He is, they said, a bit unserious
To choose wisely.
But the God happy in the soul
Skimming over all the humans,
Cast his eyes on Madame,
And everyone clapped their hands.
[...]

31 October 1772. The Marquis de Chauvelin, by turns diplomat and warrior, rests today in the bosom of peace and the arts: to the olive, the laurel crowning his forehead, he joins the myrtle. Friend of his King, he shares his pleasures: sometimes he escapes the tumult of the court and comes to rejoice in the midst of his family. It is in one of these celebrations that the following piece of verse blossomed.

In a retreat to the countryside, we played le gage touché. M. Léonard had as a punishment the obligation to compose a fairy tale on the spot; he performed this impromptu, one of the most gallant and happiest one can find.

Fairy Tale, by M. Léonard, to Madame la Marquise de Chauvelin, playing le gage touché.

There was a fairy as sweet as she was beautiful,
      The arts formed her attributes,
      We saw walking beside her
      And talents & virtues;
But of graces above all she was the model:
We admired her voice, her smile, her eyes,
This air of escaping praise & forgetting one's graces,
      To attract as if by chance,
And without having wanted to, all hearts following in her footsteps.
She had a husband, the ornament of her court,
      Great warrior, profound politician,
Possessing the art of pleasing, as much as that of tactics,
And who served Glory, Apollo & Love.
Yet another Fairy (I) inhabited this retreat,
She joined then--to the fire of the first--age
Some maturity the solid advantage:
Such is her state at noon on a fine day...
Children worthy of them added to their glory...
But what do I hear, a voice as I write,
Seems to say to me: stop! friend, you are mistaken;
We ask you for a tale & you tell a story.
      My muse has missed her object.
But on your indulgence, is it wrong what I recount?
      It's your fault, indeed,
      If this telling is not a tale.
(I) The mother of Madame de Chauvelin.

Source Text

11 Août 1772. Madame (on appelle ainſi la fille aînée de M. le Dauphin) reſtée à Verſailles pendant le Voyage de Fontainebleau, a reçu avec ſa ſœur une fête magnifique, donnée à St. Ouen, par M. le Prince de Soubiſe, où l'on a joué de petits jeux d'enfans, entr'autres le gage touché. M. l'Abbé de Voiſenon, très attaché à ce Prince, a voulu y ſervir un plat de ſa façon ; il a fait les vers ſuivans :

Un jour ne ſachant que faire
Le jeune Epoux de Pſyché
Les Ris, les Jeux, & leur Mere
Jouoient au gage touché.
L'Amour faillit ; pour ſon gage
On lui fit chercher longtems
Objet qui fut l'aſſemblage
Des graces & des talens.
Toute la troupe céleſte
Crut faire peine à l'Enfant ;
Il eſt, dit-elle, un peu leſte
Pour choiſir bien ſenſément.
Mais le Dieu content dans l'ame
Parcourant tous les humains,
Jetta les yeux ſur Madame,
Et chacun battit des mains.
[...]

31 Octobre 1772. M. le Marquis de Chauvelin, tour à tour négociateur & guerrier, ſe repoſe aujourd'hui au ſein de la paix & des arts : à l'olive, au laurier qui couronnent ſon front, il joint le myrthe. Ami de ſon Roi, il en partage les plaiſirs : quelquefois il ſe dérobe au tumulte de la cour & vient ſe réjouir au milieu de ſa famille. C'eſt dans une de ces fêtes qu'eſt écloſe la piece de vers ſuivante.

On jouoit à la campagne au gage touché. M. Léonard eut pour punition l'obligation de faire ſur le champ un Conte des Fées ; il fit cet impromptu, un des plus galans & des plus heureux qu'on puiſſe trouver.

Conte de Fées, par M. Léonard, à Madame la Marquiſe de Chauvelin, en jouant au gage touché.

Il étoit une Fée auſſi douce que belle,
      Les arts formoient ſes attributs,
      On voyoit marcher auprès d'elle
      Et les talens & les vertus ;
Mais des graces ſurtout elle étoit le modele :
On admiroit ſa voix, ſon ſouris, ſon regard,
Cet air de fuir l'éloge & d'oublier ſes graces,
      D'attirer comme par hazard,
Et ſans l'avoir voulu, tous les cœurs ſur ſes traces.
Elle avoit un époux, l'ornement de ſa cour,
      Grand guerrier, profond politique,
Poſſédant l'art de plaire, autant que la tactique,
Et qui ſervoit la Gloire, Apollon & l'Amour.
Une autre Fée (I) encor habitoit ce séjour,
Elle joignoit alors au feu du premier âge
De la maturité le ſolide avantage :
Tel eſt dans ſon état le midi d'un beau jour...
Des enfans dignes d'eux ajoutoient à leur gloire...
Mais qu'entends-je, une voix au moment où j'écris,
Semble me dire : arrête ! ami, tu t'es mépris ;
On te demande un conte & tu fais une hiſtoire.
      Ma muſe a manqué ſon objet.
Mais ſur votre indulgence eſt-ce à tort que je
         compte ?
      C'eſt bien votre faute, en effet,
      Si ce récit n'eſt pas un conte.
(I) La mere de Madame de Chauvelin.
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