Stanzas
By Mr MOTIN (1)
A group of Damsels(1) This piece is by CHAULVET (Recueil des Bonfons, 1598). In 1632: “By the sieur Chauvet.”
To pass the time conversed;
My lady was with them
Who above all shone.I came there to see them play;
Love came there the same,
Because he never leaves, obstinate,
Me nor my belle a moment alone.A place was shared to us
As to the Ladies at our turn,
And required to be part of it
I was, just like Love (2).What game would this band like?
We were halted there for a long time,
But in the end, My lady commands
That it was to be the gage touché.Suddenly she had this advantage
That, in her graceful lap,
Each of us put his pledge,
That most precious which he has.Love, abandoning his weapons,
Threw in his victorious brand
Half extinguished with tears (3),
And I put my poor heart into it.My lady had her portraiture
In an enamelled gold case
Which was hanging from her belt:
This is the pledge that she gave.Then, with her incarnadine scarf,
The eyes of Love she blindfolded,
And then, with her delicate hand
Touching my heart, asked him:“Little Gentleman, she said,
Who has both eyes closed,
To which man of the troop, or which lady
Do you give the gages touchés?”“To the most beautiful I give them.”
Answers Love, all affected.
My lady blushes, and suspects
That he had discovered her beauty.And in fact, his treacherous sight,
Which under the blindfold was watching,
Realized that my Mistress
Touched my heart with a fingertip (4).So wanting to do his share,
He took back his firebrand for himself;
Beautiful, he gave me your picture
And he donated my heart to you.“Now it's your turn, My lady,
That! that! that I blindfold your eyes (5)!
The headband will cover the flame
Of their victorious flashes of lightning.While you won't see a drop,
I will take my heart that I feel for;
But no, do not enter into this doubt,
it delights too much in your hands.”
Stances
Par le sieur MOTIN (1)
Une trouppe de Damoiselles(1) Cette pièce est de CHAULVET (Recueil des Bonfons, 1598). En 1632 : «Par le sieur Chauvet. »
De passer le temps devisoit ;
Madame estoit avecques elles
Qui dessus toutes reluisoit.Je vins là pour les voir esbatre ;
Amour y vint pareillement,
Car il ne quitte, opiniastre,
Moy ny ma belle un seul moment.La place nous fut departie
Comme aux Dames à nostre tour,
Et fallut que de la partie
Je fusse, de mesme qu'Amour (2).Quel jeu plairoit à ceste bande ?
On y fut long-temps empesché,
Mais en fin, Madame commande
Que ce fust au gage touché.Soudain, elle eust cet advantage
Que, dans son giron gracieux,
Chacun de nous y mit son gage,
Ce qu'il a de plus precieux.Amour, abandonnant ses armes,
Y jetta son brandon vainqueur
Esteint à demy de ses larmes (3),
Et moy j'y mis mon pauvre cœur.Madame avoit sa pourtraiture
Dans un estuy d'or esmaillé
Qui luy pendoit à la ceinture :
C'est le gage qu'elle a baillé.Lors, de son escharpe incarnatte,
Les yeux d'Amour elle banda,
Et puis, de sa main delicate
Touchant mon cœur, luy demanda :« Petit Gentil-homme, dit elle,
Qui avez les deux yeux bouchez,
Auquel de la troupe, ou à quelle
Donnez-vous les gages touchez ? »« A la plus belle je les donne. »
Respond Amour, tout affecté.
Madame rougit, et soupçonne
Qu'il a descouvert sa beauté.Et de faict, sa veuë traistraisse,
Qui sous le bandeau regardoit,
Apperceut bien que ma Maistresse
Touchoit mon cœur du bout du doigt (4).Voulant donc faire son partage,
Il reprit pour luy son brandon ;
Belle, il me donna vostre image
Et de mon cœur il vous fit don.« C'est maintenant à vous, Madame,
Çà ! çà ! que je bande vos yeux (5) !
Le bandeau couvrira la flamme
De leurs esclairs victorieux.Tandis que vous n'y verrez goutte,
Je prendray mon cœur que je plains ;
Mais non, n'entrez point en ce doute,
Il se plaist trop entre vos mains. »
Stances
Par le sieur MOTIN (1)
Une troupe de Damoiselles(1) Cette pièce est de CHAULVET (Recueil des Bonfons, 1598). En 1632 : «Par le sieur Chauvet. »
De passer le temps devisait ;
Ma dame était avec elles
Qui dessus toutes reluisait.Je vins là pour les voir esbatre ;
Amour y vint pareillement,
Car il ne quitte, opiniâtre,
Moi ni ma belle un seul moment.La place nous fut departie
Comme aux Dames à nôtre tour,
Et fallut que de la partie
Je fusse, de même qu'Amour (2).Quel jeu plairait à cette bande ?
On y fut longtemps empêché,
Mais en fin, Ma dame commande
Que ce fût au gage touché.Soudain, elle eût cet avantage
Que, dans son giron gracieux,
Chacun de nous y mit son gage,
Ce qu'il a de plus precieux.Amour, abandonnant ses armes,
Y jetta son brandon vainqueur
Éteint à demi de ses larmes (3),
Et moi j'y mis mon pauvre cœur.Ma dame avait sa portraiture
Dans un etui d'or émaillé
Qui lui pendait à la ceinture :
C'est le gage qu'elle a baillé.Lors, de son écharpe incarnate,
Les yeux d'Amour elle banda,
Et puis, de sa main delicate
Touchant mon cœur, lui demanda :« Petit Gentilhomme, dit elle,
Qui avez les deux yeux bouchés,
Auquel de la troupe, ou à quelle
Donnez-vous les gages touchés ? »« A la plus belle je les donne. »
Répond Amour, tout affecté.
Ma dame rougit, et soupçonne
Qu'il a découvert sa beauté.Et de fait, sa vue traîtresse,
Qui sous le bandeau regardait,
Apperçut bien que ma Maîtresse
Touchait mon cœur du bout du doigt (4).Voulant donc faire son partage,
Il reprit pour lui son brandon ;
Belle, il me donna vôtre image
Et de mon cœur il vous fit don.« C'est maintenant à vous, Madame,
Çà ! çà ! que je bande vos yeux (5) !
Le bandeau couvrira la flamme
De leurs éclairs victorieux.Tandis que vous n'y verrez goutte,
Je prendrai mon cœur que je plains ;
Mais non, n'entrez point en ce doute,
Il se plaît trop entre vos mains. »